Le conservatisme

AutorGérard Prévost
Páginas99-108
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LE CONSERVATISME
Dans la Grèce antique, pour être le berceau de la démocratie, la société nen est pas
moins hiérarchisée. Dans la polis, c’est l’affrontement entre des ensembles sociaux
qui donnent le rythme et le souffle de l’activité politique. Point n’est besoin de
référentiel Droite/Gauche pour le comprendre, la lutte du Peuple contre le Peuple,
pour reprendre cet aphorisme, se charge d’en établir un, plus précisément des
morceaux de Peuple contre d’autres, lesquels peuvent se recomposer de l’un à l’autre:
la stasis n’établit pas de frontières définitives. On oublie souvent qu’avant la création
de la Polis, Athènes s’est nourrie d’un héritage mythologique où les germes de la
démocratie grecque sont présents avant même d’y retrouver l’agora avec Homère. On
oublie aussi les colonies où, plus que dans les territoires de la Grèce – on la nomme
ainsi, mais ce n’est que le mot du nationalisme d’aujourd’hui –, la stasis a produit un
travail politico-historique déterminé par les modalités du fonctionnement politique
à Athènes. Les principes de la création démocratique s’y sont multipliés et du coup,
la lutte du Peuple contre le Peuple sest configurée autour des conflits entre groupes
porteurs d’identités sociales distinctes, homologues à la définition moderne des
classes sociales: Marx disait qu’il n’avait pas inventé les classes et que sous une forme
ou une autre elles ont toujours existé jusqu’à l’avènement de la notion de «classe
ouvrière» (fait peu connu, c’est Madame de Staël qui a utilisé cette formule pour
la première fois en 1816). C’est pourquoi Athènes est extrêmement instable, agitée

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