Capítulo 3: COVID-19 Et migrations sénégalaises: entre politiques de restriction, stratégies circulatoires et désenchantement

AutorAly Tandian
Páginas37-58
CAPÍTULO 3 : Covid-19 et migrations sénégalaises: entre politiques
de restriction, stratégies circulatoires et désenchantement
Aly Tandian
Directeur du Laboratoire GERM
Université Gaston Berger de Saint-Louis. Sénégal
Aly.tandian@ugb.edu.sn
DOI: 10.14679/2195
1. INTRODUCTION
Les économies d’Afrique subsaharienne sont frappées par deux vagues de chocs:
premièrement à cause du ralentissement économique mondial, et deuxièmement à
cause des politiques introduites au niveau national pour contenir la propagation du
virus. Le verrouillage en Chine à partir de n janvier a déjà eu des impacts majeurs
sur l’économie mondiale. Depuis lors, d’autres pays d’Asie, d’Europe, d’Afrique et
d’Amérique du Nord et d’Amérique latine se sont verrouillés ou connés, avec des
eets importants sur l’économie mondiale et les économies les plus pauvres et les plus
vulnérables.
Selon l’OIT (2020b)1, les secteurs économiques susceptibles de sourir (au niveau
mondial) d’une baisse importante de la production comprennent l’hébergement
et les services de restauration, la fabrication, le commerce de gros et de détail et
l’immobilier et les activités commerciales.
En termes de groupes de population spéciques, il existe un degré élevé de
chevauchement entre les risques de subir des revers économiques et ceux qui ont peu
ou pas d’emploi et de protections sociales (ILO, 2020b). 2Cela comprend les jeunes et
les travailleurs âgés (les deux groupes étant déjà confrontés à des taux de chômage et
de sous-emploi plus élevés); les femmes; travailleurs indépendants, occasionnels et
les travailleurs migrants (ILO, 2020).3
1 ILO (2020b) How will COVID-19 aect the world of work?
2 ILO (2020b) Idem
3 ILO (2020a) ILO monitor, 2nd edn: COVID-19 and the world of work, updated estimates and
analysis. Geneva: ILO
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Avec le COVID-19, l’économie est en cours de sourir du ralentissement des
entrées de capitaux étrangers, pourtant indispensables pour faire tourner l’économie
du Sénégal. Les eets de la crise sur l’économie réelle vont impacter les populations
à cause de la baisse des transferts d’argent des migrants. S’il est dicile dévaluer
aujourd’hui avec précision l’impact économique de la pandémie de COVID-19 sur
les migrants, on sait d’ores et déjà que les mesures actuellement mises en œuvre pour
empêcher la propagation de la maladie (distanciation sociale, fermeture des marchés,
connement, interdiction des rassemblements, etc.) ont des incidences profondes sur
les marchés du travail et, à travers elles, sur les conditions de vie des ménages et des
travailleurs migrants.
Les mesures destinées à endiguer la propagation du virus, comme l’instauration
d’un couvre-feu, la fermeture des frontières et l’interdiction de circuler entre les régions
ont rendu encore plus dicile le quotidien d’une population vivant en grande partie
au jour le jour.4 La pandémie de COVID-19 a un énorme impact sur les travailleurs
de l’économie informelle dont les revenus ont baissé à cause des restrictions de
déplacements et de la fermeture de marchés. Ces travailleurs n’ont pas le choix d’arrêter
leurs activités ou de “Rester chez eux” comme l’ont suggéré les mesures de restrictions.
Au Sénégal, la majeure partie des travailleurs migrants internes évoluent, à Dakar
et dans les autres régions, dans le secteur informel. La pandémie de la COVID-19 est
un choc majeur pour les populations migrantes internes dans ces sites. Ce faisant,
elle ont recours à des stratégies de survie. C’est le cas des populations qui évoluent
dans la pêche, la vente ambulante, la conduite de mototaxi, etc., à Dakar, à iès et
à Saint-Louis. Les migrants sénégalais internationaux ne sont pas non plus épargnés
par la pandémie de la COVIS-19. Dans leur pays de résidence ou sur les routes
migratoires, au Niger, ils sont confrontés à de nombreuses dicultés, entre autres, un
ralentissement de leurs activités face au COVID-19. Faut-il le rappeler, les femmes
semblent moins vulnérables que les hommes en termes d’accès à des installations
sanitaires adéquates. Les principaux obstacles signalés pour l’accès aux services de
santé étaient: le coût, la crainte dêtre arrêté, expulsé ou dénoncé, le fait de ne pas
savoir où aller et le manque de clarté des informations. Les revenus des femmes ont
été moins touchés pendant la pandémie que ceux des hommes.
2. MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
En s’intéressant aux populations migrantes, internes ou internationales, nous
avons donné la parole à diérents acteurs en vue de voir comment la COVID-19 a
aecté leurs activités. La collecte de données s’est faite en ayant recours à la fois à divers
outils tels que la recherche documentaire, des guides dentretien, des observations et
des questionnaires. Par conséquent, des entretiens individuels et collectifs ainsi que
4 Africanews – 1er mai 2020

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