Capítulo 2: La libre circulation des personnes en Europe, en Afrique et au-delà, entre extension et restrictions!

AutorCharef Mohammed
Páginas19-36
CAPÍTULO 2: La libre circulation des personnes en Europe
...
, en
Afrique et au-delà, entre extension et restrictions!
Prof. Charef Mohammed1
DOI: 10.14679/2194
‘Les lignes de frontière sont des lignes qui traversent
et entaillent un corps, qui le marquent comme des
cicatrices ou comme des rides, qui séparent quelqu’un non
seulement de son voisin mais aussi de lui-même’2.
1. EN GUISE D’INTRODUCTION
Qu’il me soit tout d’abord permis ici, de remercier avant tout mon ami et collègue
Alberto Muro et tous les membres de léquipe de l’Université Roi Juan Carlos, pour
avoir eu l’extrême amabilité de me solliciter en vue de la présente prise de parole dans
cette magnique rencontre. Elle est fort intéressante sur le plan heuristique, riche
par la qualité des intervenants et des thématiques abordées. Le tout dans un esprit de
convivialité et d’échange, traduisant l’ecience, la clairvoyance et la volonté de cette
université pour comprendre et agir pour rapprochement entre le Nord et le Sud.
Il apparaît que de plus en plus, les migrations prennent une importance croissante
dans les changements socio-économico-politiques et culturels de notre planète
‘la terre’. Ces dernières se distinguent comme étant parmi l’une des composantes
essentielles dans la logique d’échanges accrus, impliquée par la mondialisation
actuelle. Cependant à bien y regarder, d’un strict point de vue purement quantitatif,
le nombre d’immigrés concerne de façon presque égale les pays du Nord et ceux du
1 CHAREF Mohammed géographe –urbaniste, enseignant-chercheur, Président de la
Commission Régionale des Droits de l’Homme
et, membre du Comité des Nations Unies pour la protection
des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille
(CMW).
2 Claudio Magris1 1 Magris, C., Utopie et désenchantement, Paris, 2001, Gallimard-LArpenteur.
Cette citation se trouve aussi dans l’œuvre de Wackermann, G., Les frontières dans un monde en
mouvement, Paris, 2003, Ellipses, p. 9.
Charef Mohammed20
Sud; ceci à contrario des idées généralement reçues et trop souvent colportées par des
médias ou des esprits quelque peu partisans. Cette réalité sociologique comptable, est
bien paradoxalement occultée au dépend d’un discours léniant, voire dramatisant,
qui serait pour l’essentiel celui des seules migrations du Sud vers le Nord! Laisser
croire que les phénomènes migratoires sont essentiellement limités au mouvement Sud-
Nord est une contrevérité, si c’est
pour tout dire une pure hérésie. Aporie noircissant la
réalité migratoire, laissant supposer une invasion et/ou une ruée vers les pays du Nord
en vue de fuir, à tort ou à raison, la pauvreté, le manque de liberté, de méritocratie, de
démocratie et/ou les eets des changements climatique!
Assurément, les citoyens des pays du Sud émigrent vers les pays du Nord, mais les pays
du Sud de leur côté accueillent de nombreux ressortissants, soit en provenance d’autres
contrées du Sud, soit des pays du Nord. En revanche, compte
tenue de la multiplicité
des débats sur les migrations dans la plupart des États du Nord, de l’omniprésence de cette
question
et de son importance lors des échéances électorales; il semble émerger ici une
forme de tropisme quant aux migrations Sud-Nord et un désintérêt, une désaection,
une indiérence, si ce nest une négligence ou une aporie au regard des migrations Sud-
Sud et Nord-Sud. De surcroît, les discours extrémistes qui ont souvent un caractère
principalement passionnel, protectionniste et défensif, poussent à faire accroire à
l’invasion! Sujet au cœur de débats politiques et campagnes électorales européennes,
avec une forme de banalisation de la stigmatisation des immigrés ainsi que d’une
xénophobie décomplexée. Or, en 2020, les migrants internationaux étaient au nombre
de 281 millions de personnes, dont 48 % étaient des femmes ou des lles et 15 % avaient
moins de 20 ans, et que le transfert des envois de fonds enregistrés vers les pays en
développement s’élevait à 549 milliards USD en 2020.
La migration internationale est depuis longtemps une composante du paysage
économique, social et politique de l’Afrique. Certes, le nombre de migrants en Afrique
a connu en 10 ans une évolution de 67%, soit l’augmentation la plus importante
de l’ensemble des continents. Cependant, il faut attirer l’attention sur le fait que le
continent africain, avec sa population de plus d’un 1,25 milliard d’habitants, compte
environ 36 millions de migrants, soit environ 17% de la population mondiale et à
peine 13% de l’ensemble des migrants. En outre, même si l’émigration d’Afrique a
considérablement augmenté au cours des dernières décennies en termes absolus, la
proportion d’émigrants dans la population totale demeure l’une des plus faibles au
monde, avec cependant des variations en fonction des pays. En n de compte, moins
de 3% de la population africaine a émigré à l’international, dont à peine 16,6% en
Europe, soit moins de 12% du total des ux migratoires à destination de ce continent.
Résultat, si la migration africaine s’est mondialisée, elle est d’abord intracontinentale
et intra-régionale. Sur 5 migrants africains, 4 restent en Afrique. Avec 4,3 millions de
migrants, l’Afrique Australe est la région africaine qui accueille le plus de migrants,
elle a connu une augmentation de 255% entre 2010 et 2017. La moitié des migrants

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