Monnier (F.), Thuillier (G.), Histoire de la bureaucratie, vérités et fictions, Economica, 2010. 336 p. ISBN 978-2-7178-5809-9.

AutorNathalie Goedert
Páginas1134-1137

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L’année 2010 annoncerait-elle le réveil d’une discipline délaissée? En effet, pas moins de trois ouvrages ont été cette année consacrés à l’histoire de l’administration1. Si deux d’entre eux sont des manuels classiques (néanmoins attendus), l’histoire de la bureaucratie, proposée par Guy Thuillier et François Monnier inaugure une réfleXIon doctrinale sur la discipline, voie qui n’était plus guère explorée depuis le sursaut des années 1980, qui avait alors donné lieu à nombre de colloques et de publications d’envergure. Dans cet essai audacieux, les auteurs ambitionnent d’offrir à une discipline en mutation, les supports doctrinaux dont elle manque. Ce plaidoyer pour une nouvelle histoire de la bureaucratie, écrit par des hommes d’expérience, familiers des archives autant que des arcanes de la bureaucratie publique, s’enracine, et c’est là assurément l’originalité de la démarche proposée, dans la pratique administrative, afin de proposer méthode et outils qui renouvellent l’approche en la matière. Partant du constat affligeant d’une discipline en souffrance, nos auteurs explorent la voie d’un «savoir-être» historien, sans négliger la question essentielle des instruments d’un «savoir-faire».

  1. L’état des lieux de la discipline

    L’état des lieux de l’histoire de la bureaucratie, tel qu’il est dressé par nos auteurs, n’a rien d’encourageant. L’histoire administrative souffre en effet d’un manque de reconnaissance officielle, son enseignement se raréfie et elle ne parvient plus à attirer les jeunes chercheurs. Ceux-ci, sans doute effrayés par une discipline difficile à identifier, préfèrent s’en tenir aux voies plus classiques de l’histoire du droit, de la sociologie des organisations, ou encore de l’histoire idéologique voire militante, qui bien que fort utiles, ne peuvent rendre qu’imparfaitement compte de la spécificité de la matière. Il importe donc de dessiner les contours d’une histoire «carrefour», qui entretient avec les disciplines traditionnelles des échanges féconds, sans toutefois se confondre avec elles. L’historien de la bureaucratie ne saurait en effet rester sourd à l’histoire du droit, à l’histoire des mentalités, des techniques, de la santé, de l’éducation ou à l’histoire littéraire, à la science administrative ou encore à la sociologie, qui constituent autant de sources d’inspiration. La diversité des frontières fait la richesse de cette discipline, mais complique et retarde l’émergence de son identité propre. L’ineXIstence d’une grande synthèse en la matière et l’absence de « patron » indiquant avec assurance la voie à suivre, constituent assurément les indices d’une histoire qui n’est pas encore arrivée à maturité et qui peine à trouver sa place. Il est donc urgent, et c’est là l’ambition de l’ouvrage, de construire cette spécificité par une méthode et des outils propres, qui constitueraient le support doctrinal qui manque à la matière.

  2. Une méthode: le « savoir-être » historien

    L’état de la discipline conduit à renouveler en profondeur l’approche de l’histoire de la bureaucratie, par l’énoncé de principes novateurs qui induisent de nouvelles règles du jeu.

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    Les principes que nos auteurs souhaitent promouvoir comme essence...

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